vendredi 20 février 2009

Le parasite

Le parasite ne respecte rien, il trouble mon sommeil, m'arrache à mes lectures, joue avec les notes que je prends. Je suis obligée d'attendre puis de profiter de ses moments d'inattention ou de sieste pour me livrer à mes occupations favorites.

De moi-même parfois, de plus en plus souvent, je délaisse, je cesse brusquement ce que j'étais en train de faire pour me précipiter sur lui et l'étreindre, me rouler avec lui dans les profondeurs du matelas, jouer à cache cache, nous glisser entre les lattes du parquet ou nous perdre dans l'immensité de l'unique mur resté vierge.

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours vécu avec le Parasite. Il m'a suivie dans mes pérégrinations, au gré des rencontres que j'ai faites et des postes que j'ai décrochés.
J'ai toujours pris soin de louer des appartements avec beaucoup de fenêtres et des grandes afin qu'il puisse prendre autant que possible des bains de soleil.

Les moindres nuances de son pelage sont alors révélées, ses yeux plus beaux encore : l'orange étincelle taché de gouttes dorées. La moustache luisante, il joue avec les particules de poussière qui flottent dans l'air, s'étire, tend tour à tour ses membres vers les rayons, s'allonge de tout son long sur le parquet.
Le parasite raffole de la chaleur, il en est friand. L'hiver il se rôtit contre le poele.

Des appartements qui puissent contenir tout ce qui nous est cher : la coiffeuse aux pieds grêles qu'il a sérieusement entamés, la sereine commode, le canapé ventru qui subit ses attaques sans se départir de son sang froid, une fois seulement acculé il a brandi un de ses ressorts qu'il n'a jamais pu rétracter et qui blesse les fesses des invités, le portrait de l'homme résigné, le divan à qui on ne la fait pas, les plantes qui malgré ses mauvais traitements s'obstinent à rester en vie, l'énorme bibliothèque qui ne cesse de croître, qui vomit régulièrement des volumes à ne plus pouvoir en reprendre son souffle et qui fait l'objet de toute mon attention, le lit qui constitue pour lui comme pour moi le refuge ultime, deux fauteuils qui ne s'entendent pas, une profusion de dessins et d'objets divers.


Le parasite qui déteste le changement a-t-il du moins pu ainsi toujours évoluer dans le même environnement. Moi-même pourrais-je vivre autrement ?
Les villes et les gens changent, du moins notre intérieur reste -t-il toujours le même.
Cet intérieur est précisément son univers. Et le moindre changement est extrêmement pertubateur. Il est déjà arrivé qu'il en perde l'appétit.
Pourtant de lui-même parfois il introduit un imperceptible changement. Il déplace quelque chose de quelques milimètres, il glisse une infime variante dans son fonctionnement et il s'en réjouit en se lissant les moustaches. S'il s'agit d'un geste dont il n'est pas coutumier, il le fera et le refera des dizaines de fois sans s'arrêter et ainsi de suite les jours qui suivront jusqu'à ce que ce geste devienne une habitude qu'il pensera toujours avoir eu et moi aussi.

Sitôt franchie la porte, le parasite ne sait rien de mon existence. Je lui en rapporte des mots, des odeurs et des humeurs changeantes. J'aurais aimé croire que lui resté là dans cet environnement si familier continuait à faire ce qu'il fait toujours quand je suis là. Or mon absence dérange l'ordre par lui et pour lui si soigneusement établi. Et il a en horreur ces absences parfois répétées.

Le parasite observe parfois l'extérieur de la fenêtre et suit attentivement les passants.
Il se plonge dans le sac de quelqu'un venu nous rendre visite. Il essaye aussi de se glisser dans le hall de l'immeuble. Je l'ai toujours retrouvé tremblant d'effroi et d'excitation roulant des yeux devenus immenses.

Les poils du parasite d'un noir non uniforme et légers ont leur odeur propre qui me fait parfois penser à celle de la poussière, j'en raffole et ne peux m'en passer.

jeudi 19 février 2009

vendredi 13 février 2009

from JABA

Un vieil homme désséché se lêche les oreilles dans la ville ensoleillée durant ma jeunesse.

Mon gros orteil ne décide rien sur le parking au petit matin pâle.

Une pensée sauvage se dessine lentement à côté du port bien avant l'heure.

La femme à la dent jaune dégringole à l'ombre des tournesols lors de sa date de péremption.

L'inhabituelle peur fait des bulles à bord d'une limousine déglinguée.